En Avril, place à aux éditions des femmes. Mais alors, quelle est sa particularité ? Comme d’habitude la maison d’édition vous explique tout !
« Il fallait donc qu’il y ait une terre, un jardin premier, pour qu’en effet, ne fût-ce qu’une femme écrivain puisse savoir qu’elle avait un lieu où écrire. » Antoinette Fouque
Antoinette Fouque crée, avec des femmes du MLF, les éditions des femmes en 1973 cinq ans après la fondation du Mouvement de libération des femmes. Son projet est d’offrir aux femmes un lieu d’accueil ouvert sur le monde, pour exister en tant que femmes, à travers à la fois des écrits politiques témoignant de leurs luttes de libération et de leurs engagements, et des textes littéraires cherchant à sortir d’une écriture normée pour faire exister une écriture sexuée et matricielle.
La création des éditions des femmes est un événement majeur dans la culture qui impulse une libération de la parole et de l’écriture des femmes, un bouillonnement créateur en France, en Europe, au Québec. Les grands éditeurs ouvrent alors leur porte comme jamais aux écrivaines.
Des écrivaines sont « nées » dans cette maison : entre autres Chantal Chawaf, Annie Cohen, Catherine Weinzaepflen, Jacqueline Merville, Nathalie Léger-Cresson. Tandis que d’autres, déjà connues, l’ont rejointe pour un livre, Assia Djebar, ou pour une trentaine, Hélène Cixous. Et quelques grandes méconnues des éditeurs ou oubliées du passé y ont trouvé leur place : Virginia Woolf, pour son essai politique Trois guinées, Sylvia Plath, Hilda Doolittle, Charlotte Perkins Gilman, Marcelle Tinayre.
La maison d’édition se caractérise par une grande ouverture internationale dès sa création, et fait connaître en France des écrivaines majeures comme Clarice Lispector, Nélida Piñon, Conceição Evaristo (Brésil), Geetanjalli Shee (Inde), la philosophe Maria Zambrano (Espagne), la psychanalyste Marie Langer, la poétesse Silvina Ocampo (Argentine) ; de même que des chercheuses de premier plan comme la journaliste Susan Faludi, Prix Pulitzer pour son livre Backlash, l’archéologue Marija Gimbutas et Le langage de la déesse, Heide Goettner-Abendroth avec Les sociétés matriarcales à travers le monde…
Solidaires avec des femmes de tous les pays, les éditions font connaître les combats de grandes militantes : l’égyptienne Nawal El Saadaoui en lutte permanente contre le patriarcat et pour les droits des femmes, la bangladaise Taslima Nasreen sous le coup d’une fatwa dans son pays, Zehra Dogan, journaliste et plasticienne kurde, Milagro Sala, activiste sociale argentine emprisonnée pour des raisons politiques.
La maison d’éditions compte de nombreuses collections : fictions, témoignages, biographies, essais, correspondance, poésie, théâtre, livres d’art et une collection de poche renouvelée avec la réédition des essais et entretiens d’Antoinette Fouque, de classiques du féminisme américain et de biographies.
« La Bibliothèque des Voix », collection pionnière de livres audio, créée par Antoinette Fouque en 1980 et qui rassemble des textes classiques lus par des comédiennes et comédiens de premier plan et des textes contemporains lus par leurs auteurs ou autrices : Duras, Sagan, Sarraute, Gracq, Ernaux, Juliet…
Ayant pour vocation de mettre l’accent sur la force créatrice des femmes, ne traitant pas exclusivement de questions dites « féministes », les éditions des femmes sont un lieu de parole et d’écriture libres, sur le mode de l’hospitalité intellectuelle, ouvert à des textes qui n’ont pas à obéir à des critères économiques ou politiques (1)
Les éditions des femmes-Antoinette Fouque poursuivent ainsi leur route, dans le désir de faire vivre et transmettre aux nouvelles générations cet apport culturel et politique, de faire connaître une nouvelle génération d’écrivaines et de continuer à se faire l’écho des luttes actuelles des femmes.
Dans cette perspective, trois titres : Cours petite fille ! (2019) : pour comprendre le mouvement #MeToo, le Manuel d’activisme féministe – Clit Révolution de Sarah Constantin et Elvire Duvelle-Charles (2020), et La Retenue (« Inceste : l’Omerta ») : récit « choc » de Corinne Grandemange, récemment paru (mars 2021).
Pour découvrir la liste des livres disponibles chez les femmes, cliquez ici.
Fiction française
- Ella Balaert : Poissons rouges et autres bêtes féroces
- Chantal Chawaf : Relégation
- Hélène Cixous : Osnabrück
- Annie Cohen : Puisque voici l’aurore
- Nathalie Léger-Cresson : Le sens du calendrier
- Jacqueline Merville : Le voyage d’Alice Sandair
- Catherine Weinzaeplen : L’odeur d’un père
Fiction étrangère
- Clarice Lispector : Coffret La Passion selon GH / L’heure de l’étoile
- Conceição Evaristo : Ses yeux d’eau
- Nadia Chafik : Tihya
- Nawal el Saadawi : Ferdaous, une voix en enfer
- Geetanjali Shree : Ret Samadhi
Récit, correspondances et essais
- Christophe Bourseiller : Qui êtes-vous Antoinette Fouque ?
- Collectif : Cours petite fille ! #metoo #timesup #noshamefist
- Sarah Constantin, Elvire Duvelle-Charles : Clit Révolution- Manuel d’activisme féministe
- Zehra Dogan : Nous aurons aussi de beaux jours
- Susan Faludi : Backlash
- Antoinette Fouque : Gravidanza
- Heide Göttner- Abendroth : Les sociétés matriarcales
- Corinne Grandemange : La Retenue
- Alain Quella Villéger : France Bloch Sérazin